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DNB dans l'agricole, pourquoi c'est la grosse foire

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Ce soir j'ai décidé de vous expliquer pourquoi le Diplôme National du Brevet des collèges c'est encore plus la foire que la foire de l'éducation nationale, voici le schéma : 

Je commence. Comme vous n'êtes pas sans le savoir nous étions dans l'urgence de réformer le système scolaire, et par conséquent le diplôme national du brevet des collèges, mais on va le laisser de côté pour revenir à une grosse réforme, une réforme de fond. Aujourd'hui un gosse entre en CP il se retrouve avec un Livret Scolaire Unique Numérique qui va le suivre du CP donc à la 3ème. Ce livret référence des compétences et il est possible de le suivre en ligne, en tout cas de façon théorique. Pour moi c'est une excellente idée, c'est le même principe que le RIB invariant dans les banques. Vous êtes dans une agence de la BNP vous déménagez, vous n'avez théoriquement pas de problème pour que votre compte vous suive car le numéro est unique. Si en outre vous êtes au crédit agricole, ce n'est peut être plus le cas aujourd'hui, si vous changez de région c'est comme si vous changiez de banque. Cette uniformisation est donc une bonne chose, à l'heure de la mobilité, elle met quelque chose en commun dans toutes les écoles de France sans pour autant intervenir dans la manière d'enseigner. Ces compétences ne sont pas données par les enseignants, elles sont issues d'un référentiel, d'un programme. 

Vous avez globalement compris le truc, des compétences à avoir, des compétences qui suivent l'élève, des compétences visibles au travers d'un truc qui s'appelle le LSU. Seulement il faut comprendre que l'état ne vient pas de mettre à disposition un logiciel de notes, enfin de compétences, gratuitement, on va pas couler des boîtes qui fabriquent pronotes par exemple, il est donc nécessaire de faire une passerelle entre le LSU et les outils actuellement utilisés. Les élèves, les profs existent dans une grande base qui s'appelle SIECLE, c'est un outil à tout faire dans lequel vous avez les coordonnées, les notes des élèves etc ... 

Et c'est là où ça pose problème, les établissement agricoles, leurs élèves, les profs ne figurent pas dans SIECLE quand toute la procédure du LSU s'appuie sur SIECLE. 

Alors oui effectivement, on dira que l'agricole on gave, qu'on représente une faible proportion des élèves, et qu'on ne pas penser à tout, ce que je peux tout à fait comprendre. Néanmoins, on existe, avec un certain talent d'ailleurs en proposant un enseignement alternatif, avec souvent des enseignants qui ont connu autre chose et qui font souvent autre chose à côté, et je pense que c'est bien qu'on existe. Le problème est donc toujours le même, faire dans l'urgence, car là je crois que c'est évident c'est sans aucun doute cette réforme qui va tout changer, l'urgence fait faire n'importe quoi. 

A l'heure actuelle on nous dit que c'est urgent d'attendre, la problématique c'est qu'à la fin d'année il faudra bien que le fameux Livret de Compétences soit rempli et je reviens dans les explications. On a donc notre gosse qui fait son parcours du CP à la troisième et qui valide des compétences. Si on a tout compris et ce n'est pas une certitude, en fin de troisième, une partie des compétences du LSU serait utilisée pour calculer les notes du contrôle continu du DNB. Malheureusement et c'est pour cela que je fais la distinction entre la zone de certitude et vers l'infini et au delà, rien ne nous garantit que ce sera automatique et qu'il ne faudra pas valider d'autres compétences. 

Moralités : 

  • le DNB est un diplôme qui relève de l'éducation nationale, nos élèves passent le même dans sa version professionnelle. Il est donc logique de se caler sur ce qui se fait dans l'EN. J'ai donc fait passer les libellés qu'on trouve actuellement et demandé à mes collègues de se caler là dessus. 
  • Dans l'absence complète d'informatisation, va se poser le problème de certaines compétences qui peuvent être validées par plusieurs personnes : par exemple le travail en groupe. Chaque prof aurait pu mettre une note sur le travail en groupe, l'ordinateur aurait fait une médiane de l'ensemble, là il va falloir faire une réunion pour s'entendre entre collègues
  • Comme ça va trop vite, il y a de bonnes chances qu'à la fin de l'année ce soit un truc tout pourri qui soit mis en place. On va donc faire nécessairement un travail qui n'est pas celui que nous aurions voulu faire, loin des attentes et le seul qui sera pénalisé c'est l'élève.
  • Le manque de clarté de la situation n'aide pas les enseignants à s'impliquer dans la réforme et pourtant il faut le faire. Il faut avoir conscience que le système de notes est voué à disparaître, en tout cas on fait tout pour, quel que soit le gouvernement au pouvoir. Avec un tel foutoir, il est très difficile de faire comprendre l'intérêt, la subtilité, la seule chose qui passera c'est le découragement et l'incompréhension. 
  • Le pire là dedans, c'est qu'avec une mesure prise sur une fin de quinquénat, il est tout à fait possible que tout soit remis à plat l'année suivante. 

Au moment où je vous écris ces lignes, je vous décris ce qui est devenu le plus difficile dans notre métier, cette bureaucratie épouvantable. Notre métier ça devrait principalement être autre chose, de l'enseignement, s'occuper des gamins, trouver des trucs sympas à faire avec eux, se concentrer sur l'essentiel. Les années passent et cet à côté devient de plus en plus oppressant, bloquant pour le métier faisant de nous des administratifs ce qui se rajoute à notre casquette d'assistante sociale, ou d'éducateur spécialisé. Car il faut bien réaliser que le temps passé à comprendre, déchiffrer, faire dans l'urgence, c'est un temps qui n'est pas consacré à autre chose, faire notre job par exemple. 


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