Comme vous devez le savoir si vous lisez les parties pédagogiques du blog nous prenons une énième réforme du diplôme national du brevet des collèges quand on croyait vraiment que celui-ci allait disparaître, il va nous faire changer pas mal de choses, mais revenons principalement sur la difficulté de cet examen : il n'y a aucun enjeu donc déjà que les gosses se foutent de quasiment tout, ils s'en foutent encore plus. Comprenez que les enfants sont globalement au courant de leur orientation avant même de passer le DNB, l'avoir ou pas ne sanctionne en rien l'élève. Si l'éducation nationale voulait réellement rendre service à tout le monde, elle ferait de cet examen un incontournable du passage vers le lycée, tant qu'elle ne le fera pas, rien n'avancera.
On pourrait dire que la disparition de l'histoire des arts, l'arrivée de la biologie et des sciences physiques sont la révolution, ce n'est absolument pas le cas, ce qui change profondément c'est le livret de compétences. A l'heure actuelle, un gamin qui veut avoir le DNB doit d'un point de vue théorique, avoir un certain nombre de points qui sont issus du contrôle continu et de l'examen, valider le livret de compétences. Dans le livret de compétences, vous avez par exemple savoir lire, savoir utiliser les unités de mesure et j'en passe. Si le livret de compétences n'est pas validé, alors d'un point de vue théorique, ce qui avait été dit à l'époque, l'enfant ne peut pas avoir son diplôme. Et pourtant dans les textes il est noté que c'est à l'appréciation du jury de donner son diplôme à l'élève ou non, qu'il possède ce fameux livret ou pas. J'ai déjà fait le test pour ne pas avoir validé des élèves à plus de 14 de moyenne qui étaient des violents et à qui on ne pouvait pas valider toutes les parties sur la vie en collectivité sauf si mettre des coups de tête à tout le monde c'est du savoir vivre. Tous les élèves à forte moyenne qui n'ont pas validé le livret de compétences ont pourtant eu le DNB preuve du manque d'utilité du LPC.
Le prof remplit beaucoup de paperasse, trop de paperasse, lui faire remplir un livret de sept pages qui ne sert à rien ne motive pas vraiment si bien que le livret est fait par dessous la jambe. Comprenez que si on voulez le faire sérieusement, en faisant un contrôle, on devrait valider de façon plus ou moins systématique certaines capacités. Je fais le théorème de Thalès, le gosse réussit à l'appliquer, je valide une partie de la géométrie. Plutôt que de le faire rigoureusement et sérieusement au long de l'année, le LPC est validé à l'arrache en fin d'année, une signature si l'élève globalement maîtrise les contenus ou a les capacités pour le faire, la validation de quelques items si c'est vraiment mauvais. Ce qui change tout c'est que désormais les points pour le brevet des collèges ne tiennent plus compte du contrôle continu mais du fameux LPC. Il faut donc pour chaque évaluation, noter pour le LPC comme on aurait déjà dû le faire depuis de nombreuses années mais sans enjeu, on ne fait pas.
Ce qui va donc changer pour le professeur, c'est qu'il est désormais impératif pour l'enseignant pour une évaluation de faire une double grille de notation : la note telle qu'on la connaît, la "note" pour le LPC. En fait il s'agit d'une note maquillée, on va mettre des codes de couleur comme au primaire ou des acquis, non acquis, en cours d'acquisition qui correspondent à des notes. Dès lors la question qu'on peut se poser, c'est pourquoi maintenir une double notation et pas se baser uniquement sur le livret pour faire d'une pierre deux coups. Tout simplement parce que tout n'est pas nécessairement évaluable dans le LPC. Je suis prof de biologie, j'en ai marre d'avoir des gamins qui n'apprennent pas leur cours, je mets une interrogation de cours, je ne fais appel à aucune compétence, il n'y a donc pas de "note" à la clé. De plus, les parents attendent un bulletin scolaire traditionnel, il faut aussi des bulletins pour les autres établissements, c'est donc un peu tendu pour supprimer la notation classique au profit seul du livret de compétence ce qui induit une double notation, la classique, et celle du LPC. Pour les vieux qui lisent le blog, habitués à la note, c'est vrai que ça paraît être une grosse pagaille, néanmoins il faut se dire que les générations de gamins qui arrivent ont déjà l'habitude des codes de couleur, des codes et de la disparition des notes, on a donc "enfin" une cohérence entre le primaire et le collège.
L'éducation nationale a un tour d'avance avec le livret de compétence, et utilise donc les outils qui vont bien, on pourrait le croire en tout cas. Si je regarde dans l'ENT de mon fils, seul le prof de physique a validé trois compétences, son conseil de classe est lundi. L'enjeu est donc certainement ici, forcer les enseignants à prendre enfin au sérieux le livret de compétence. Seulement le problème est toujours le même : l'urgence, ou disons la fausse urgence. Car et c'est comme d'habitude, les nouveaux référentiels ne sont pas vraiment finis, les livres ne sont pas arrivés, les éditeurs de logiciels ne seront peut être pas capables de fournir à la rentrée le livret de compétences intégrés dans les ENT, moralité, la rentrée sera sous le signe de la grosse foire, comme d'habitude.
Il n'y avait bien évidemment aucune pression particulière pour attaquer une nouvelle nouvelle nouvelle réforme dans l'urgence parmi toutes les réformes qui arrivent en même temps. Les éditeurs de logiciel vont passer l'été à bosser en contact avec l'éducation nationale pour fournir des solutions qui arriveront en ... automne. Moralité, alors qu'il aurait fallu préparer les équipes avant la sortie scolaire de cette année il faudra intégrer les solutions certainement deux à trois mois après la rentrée scolaire, un grand classique dans le métier.
A mon niveau, il faut pousser les équipes à bien comprendre le sens de la double notation et montrer comment intégrer le LPC dans l'évaluation en attendant bien sûr que ça finisse par arriver d'un point de vue informatique ...