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Channel: Le portail de Cyrille BORNE
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Scratch, un cours inattendu (comme le hobbit mais dans une salle de classe)

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Cette fin d'année est affreuse, comme toutes les fins d'années me direz vous mais celle là encore plus. Le gros de mes journées se passe avec mes élèves de troisième qui passent l'épreuve dans 10 jours, j'ai la sensation d'être un preneur d'otage. En fait les véritables terroristes sont les enfants, ils font la guerre à leurs parents pour ne pas aller en cours mais comme les parents veulent que leurs gosses aillent en cours, alors ils sont intenables en classe pour bien nous le faire sentir passer. Résultat des courses, ils gagnent la bataille, les parents les sortent de classe car nous les renvoyons. Quand les élèves expliquent qu'ils vont travailler à la maison, personne n'y croit, pas eux, pas nous, pas leurs parents qui les envoient à l'école, ils ne réalisent pas qu'ils ont la chance d'être accompagnés par des gens qui peuvent les faire avancer, la seule préoccupation c'est de rentrer à la maison et de ne rien faire. Difficulté donc ici, alors qu'il s'agit d'un examen, que dire des classes qui ne sont pas en épreuve terminale, c'est une calamité. Désormais l'élément déclencheur c'est le conseil de classe. Mes élèves de seconde ont fait le conseil le 9, ils n'étaient que 7 sur une classe de 26 élèves. Dès lors pas évident de travailler dans des conditions pareilles, j'ai donc fait une initiation à scratch aujourd'hui. 

Pour conclure tout de même sur ces problèmes, difficile de jeter totalement la pierre aux élèves. Ce matin je n'ai pu assurer mon cours de seconde de huit heures, j'étais en classe de troisième pour remplacer un collègue, nous sommes dépouillés de nos profs pour les surveillances d'examen, pour les corrections, si bien que les élèves disent qu'ils n'ont pas cours à leurs parents ou pas loin et c'est la désertion des salles de classe. Moi-même, je ne renverrai plus mon fils au collège à partir du 17, ils vont en effet se trouver à moins de cinq en classe, des professeurs sont absents, ils sont évacués à compter du 23 pour les épreuves du brevet. Bref, le milieu éducatif organise lui même chaque année la cacophonie du mois de juin, et personne ne réfléchit sur la façon de régler le problème pour de bon. Les parents cèdent, les profs saturent, les élèves pensent être les grands gagnants, c'est un leurre bien évidemment. Le constat est pourtant édifiant, le mois de juin non travaillé devient désormais une normalité, les gamins voient désormais dans le mois de mai la fin de l'année scolaire ... 

Donc avec l'absence d'un collègue j'ai pris mon groupe de sept garçons pendant deux heures, on s'est posé en salle informatique où j'ai totalement improvisé une présentation de scratch. Sur les 7 élèves, un s'est endormi en moins de cinq minutes, il n'est intéressé que par la chasse. Pour les 6 autres, l'adhésion a été quasi complète pendant deux heures avec un véritable intérêt, un amusement. Des gamins ont commencé à chercher des sprites pour tenter d'animer leurs jeux. En fond j'ai fait défiler une vidéo sur la réalisation d'un beat-them-all, les gamins suivaient les consignes au fur et à mesure pour certains, d'autres ont fait leurs propres expérimentations. Je pense que dans le lot, un va continuer à titre personnel, il était en train de monter un space invader. On a commencé à regarder la vidéo ci-dessous pour voir un peu comment faisait le gars. En discutant avec mon collègue d'histoire sur les fameux EPI, je pense qu'on va faire quelque chose de simple l'an prochain, un projet autour du jeu vidéo, histoire et réalisation par exemple. 

C'est positif. Alors que j'ai fait une impro totale et pas formidable sur un sujet que je ne maîtrise pas, l'adhésion sur le thème est vraiment bonne. Il faut travailler, il faut structurer des séquences de cours, enfin bref, y a plus qu'à.

Avant de nous quitter je persiste tout de même sur l'aspect qui restera le plus gênant dans scratch, sortir du ludique pour faire des mathématiques. D'ailleurs quand on regarde les bouquins de seconde générale, il faudra que j'en retrouve d'autres, on utilise algobox. On pourrait me faire remarquer que le programme de seconde générale reste basé sur de l'algorithme et pas de la programmation, j'aurai tendance à dire qu'avec scratch on est quand même un peu à la frontière entre les mondes. Néanmoins la volonté de faire l'algo en seconde est tout de même quelque part liée à la volonté de faire programmer la calculatrice, programmation interdite bien évidemment le jour de l'examen ... Qu'on arriverait à une nouvelle réforme de la classe de seconde en mathématiques ne m'étonnerait qu'à moitié. 

 


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