Comme j'aime à le rappeler nous allons tous mourir, et le rachat de Yahoo! par Verizon est un simple exemple parmi tant d'autres. Il est tout de même intéressant de revenir brièvement sur le cas Yahoo, en soulignant que lorsqu'une entreprise en informatique va mal, ce n'est pas la simple aura d'une super star de l'informatique Marissa Mayer en l'occurence qui peut changer quelque chose. Souvenez vous, Yahoo, portail et moteur de recherche incontournable du début du siècle, aujourd'hui à part ma femme qui regarde les actualités sur le site et quelques personnes d'un certain âge qui ont leur mail dedans, Yahoo! c'est un peu comme myspace, c'est so vingtième siècle.
Il y a tout de même quelques moralités à tirer de cette actualité, une de plus :
- nous assistons à une phase de regroupement des acteurs de l'informatique sans précédent
- ce regroupement tue de façon obligatoire la diversité
- les plus forts vont survivre y compris chez les petits, si bien qu'on va commencer à définir son propre positionnement personnel.
Petite explication sur le dernier point. Après les Pokemon j'ai écrémé, mais j'ai vraiment écrémé en force et j'ai encore de la marge, je pense que je conserve certaines choses par nostalgie, c'est parfois dur de se séparer. Néanmoins, à terme, je risque d'arriver à une situation dans laquelle je ne vais avoir que cinq sites d'informations, des sites qui seront devenus indispensables pour moi au point que j'imagine de payer les contenus. D'ailleurs et comme je l'ai déjà écrit, la balle va être dans le camp des journaux alternatifs qui proposent une information pertinente, pertinente les gauchistes ne signifiant pas nécessairement il faut tout casser, journaux qui pourront bientôt tenter la chance du modèle tout payant, du blocage des adblockeurs et qui sont en fait les prochains patrons quand on pensait que jusqu'à maintenant c'était l'internaute qui était roi. Je vous invite à revoir cette vidéo de 2015 qui explique ce que sera l'internet de 2025, qui vise parfaitement juste dès ... 2016.
Comme on le sait je suis le français moyen, ni plus ni moins, c'est assumé. J'évoquais le paiement de mon logiciel dmaths hier, un logiciel que j'utilisais gratuitement tant que j'en avais la possibilité, sans faire l'effort de payer. Je n'ai donc lâché cette somme dérisoire de 10€ uniquement car je n'avais pas d'autre choix que de le faire. Je félicite les gens qui sont capables de fonctionner dans la notion de don, mais je réalise que ce n'est pas pour moi, tout simplement parce que j'ai besoin d'une relation simple dans l'argent, je paye pour quelque chose, ici je paye pour avoir un logiciel utile. J'ai regardé pour la première fois la valeur des abonnements de nextinpact, il faut compter 40 € par an, et je trouve ça cher. Vous allez me dire qu'en achetant n'importe quoi tout le temps, 40 € c'est dérisoire, mais finalement 40 € ça représente l'abonnement téléphonique des deux gosses à l'année pour quelque chose qui ne m'est pas encore indispensable et une information que j'arrive encore à trouver ailleurs.
Voyez donc ici toute la finesse du système, il faut réussir à tenir le temps que tout le monde crève ce qui continue à arriver chaque jour et placer l'usager de l'internet dans une situation où il n'aura plus réellement le choix que de mettre la main à la poche car il n'y aura pas d'autres alternatives.
C'est donc le regroupement qui rend fort les survivants, c'est une logique, les gens se regroupent. Alors qu'on assiste dans le monde "normal"à des fusions, à des gros qui avalent des petits, le libre s'offre le luxe de forker à tour de bras. On a vu pour exemple dernièrement le fork de owncloud en nextcloud, parce qu'owncloud qui prend un peu du galon s'imagine qu'il est dans cette situation où il est indispensable et donc pouvoir imaginer faire passer les gens à la caisse, c'est bien mal connaître les libristes, ah ah. On a vu l'éviction de Franck Rousseau de Cozycloud, on peut attendre qu'il relance autre chose. Petite parenthèse, Cozycloud est une appli en bois mal codée, mono-utilisateur, elle n'a aucun avenir, ah je viens de taguer bad cyrille pour la peine. Philippe annonce de son côté que Seafile voit aussi apparaître son fork.
Comment ça va se terminer pour le libre ? Si l'on reste au niveau de l'ensemble de ces projets, on assistera à des abandons, comme d'habitude, les solutions vont vivoter et les gens prendront du stockage ailleurs, Microsoft, Google pour n'en citer que deux. On n'arrivera donc pas à voir émerger une véritable solution cloud libre qui aurait pu être une alternative aux GAFAM, tant pis. Je crois que le problème du libre dans le fond, enfin l'un des problèmes c'est la recherche d'un modèle économique de façon systématique pour dégager du profit. Ce que j'essaie de dire ici, c'est que trouver les fonds pour faire tourner une infrastructure, c'est compréhensible, mais si l'on devait le parallèle très tendancieux je le reconnais avec des associations humanitaires, je ne crois pas que le but des restaurants du coeur soit de faire du bénéfice et de devenir une holding de l'alimentaire.
C'est peut être ici le problème, s'interroger à savoir pourquoi on fait du libre, une véritable volonté de partage pour une informatique juste, accessible, ou un simple tremplin pour gagner de l'argent. Si c'est l'option A, il faut peut être considérer qu'on s'est lancé dans le chemin du bénévolat, si c'est le chemin B il faudrait peut être poser les bases saines d'un développement propriétaire.
Cet article est libre, gratuit, son auteur n'a aucune intention de gagner de l'argent avec cette réflexion, il s'agissait d'un acte bénévole pour vous éduquer un peu ce matin, comme quoi ça se fait. Sur ces bonnes paroles, je retourne à mon cours sur la dérivation.